La schizophrénie touche en France environ 600 000 personnes. Cette pathologie psychiatrique altère profondément la qualité de vie et constitue un handicap important pour les patients et leur entourage. Actuellement, peu de traitements sont disponibles, mais une récente découverte pourrait permettre de développer de nouvelles approches thérapeutiques.
Les traitements de la schizophrénie
Actuellement, les traitements disponibles contre la schizophrénie sont à la fois limités et à l’origine d’effets secondaires parfois importants :
- Une prise de poids ;
- Une fatigue chronique ;
- Des troubles neurosensoriels.
Une récente étude a également décrit une réduction du volume cérébral pour les patients schizophrènes sous antipsychotiques. La recherche et le développement de nouvelles approches thérapeutiques constituent donc un enjeu majeur pour la prise en charge de cette pathologie psychiatrique.
Un déficit de substance blanche dans une zone spécifique du cerveau
Dans ce contexte, des chercheurs ont récemment publié des résultats, qui pourraient permettre de développer de nouveaux traitements de la schizophrénie. De précédentes études avaient mis en évidence des différences de concentrations en certaines substances lipidiques jouant un rôle dans la formation de la myéline, cette gaine isolante qui protège les cellules nerveuses.
Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont analysé le niveau de ces substances lipidiques dans le tissu cérébral post-mortem de 15 personnes atteintes de schizophrénie. Les données obtenues montrent que le tissu cérébral des patients schizophrènes contient des niveaux plus faibles d’une substance lipidique particulière, le sphingolipide S1P, dans une zone précise du cerveau appelée le corpus callosum. Cette région se caractérise normalement par sa richesse en substance blanche (partie du tissu cérébral dans laquelle les cellules nerveuses sont entourées de myéline).
Des médicaments contre la sclérose en plaques testés chez l’animal
Ainsi, les patients atteints de schizophrénie présenteraient un déficit de substance blanche dans cette zone spécifique du cerveau, un déficit qui pourrait expliquer le dysfonctionnement de communication entre les neurones.
Les chercheurs ont ensuite analysé le tissu cérébral de personnes atteintes d’autres troubles mentaux, comme les troubles bipolaires ou la dépression majeure. Leurs résultats ont montré que seuls les patients schizophrènes présentaient un déficit en sphingolipide S1P dans le corpus callosum. En poussant plus loin leurs analyses, les scientifiques ont mis en évidence que la schizophrénie ne serait pas associée à une sous-production du sphingolipide S1P, mais à une dégradation anormale de cette substance lipidique.
Une telle découverte pourrait permettre d’envisager de nouveaux traitements contre la schizophrénie, en bloquant ce phénomène de dégradation du sphingolipide S1P. Des médicaments déjà utilisés dans la sclérose en plaques et ciblant la même substance pourraient notamment être testés, en premier lieu chez l’animal. Un nouvel espoir pour tous les Français touchés par la schizophrénie.
Estelle B., Docteur en Pharmacie