La méthionine est présente en abondance dans certains aliments tels que la viande ou encore le fromage. Des chercheurs de l’Université de Californie affirment dans leur publication, parue dans The Journal Molecular Psychiatry, qu’un apport excessif en méthionine pourrait être à l’origine d’une perturbation du développement cérébral chez le fœtus en cause dans la schizophrénie.
Qu’est ce que la méthionine ?
La méthionine est un acide aminé (élément de base constituant une protéine) essentiel, car il n’est pas produit par l’organisme et ne peut être apporté que par l’alimentation. Elle est utilisée dans la fabrication, par notre organisme, de protéines ou d’autres acides aminés comme la cystéine par exemple. La méthionine participe également à la production de glutathion, une substance anti-oxydante.
Cet acide aminé est surtout retrouvé dans la viande, le fromage, les œufs, la volaille et le poisson. La méthionine contient du soufre d’où son utilisation pour la peau et les cheveux qui sont eux-mêmes essentiellement constitués d’une protéine soufrée appelée kératine. Elle est donc proposée dans le traitement de la chute de cheveux et des verrues.
Cependant, chez les personnes dont le régime alimentaire n’est pas carencé en méthionine, on ne dispose, à ce jour, d’aucune preuve solide de l’efficacité de cet acide aminé dans les indications proposées. Ainsi, en 2012, les autorités sanitaires européennes ont interdit certaines allégations sur les aliments ou compléments alimentaires contenant de la méthionine. Les produits ne peuvent alors pas prétendre :
- Contribuer au maintien des taux sanguins normaux de cholestérol ;
- Améliorer la pousse et la qualité des ongles et cheveux ;
- Stopper la chute des cheveux ;
- Améliorer la qualité de la peau ;
- Favoriser la croissance des enfants.
Par ailleurs, en raison de l’implication de la méthionine dans l’apparition de cancers digestifs, les spécialistes déconseillent vivement la prise de compléments alimentaires en contenant à forte dose. Sa prise doit faire l’objet d’un contrôle médical.
Schizophrénie = trop de méthionine
Les auteurs de la publication ont basé leur approche sur des études des années 1960 et 1970 au cours desquelles des patients schizophrènes ayant reçu des injections de méthionine ont vu leurs symptômes s’aggraver.
Sachant que la schizophrénie est un trouble du développement, l’équipe de chercheurs a émit l’hypothèse que l’administration de trois fois l’apport quotidien normal de méthionine à une souris en gestation engendrait la naissance de bébés schizophrènes. Et, c’est ce qu’ils ont effectivement pu observer. En effet, les petits issus de souris ayant reçu la méthionine étaient positifs à 9 tests différents de schizophrénie. Par ailleurs, les petits répondaient également bien aux traitements habituels employés dans la schizophrénie.
L’un des auteurs a déclaré que cette étude était la première à présenter un modèle de souris basé sur le développement de comportements schizophrènes sous l’influence de la méthionine. Un autre professeur de l’étude précise que ce modèle de souris fournit beaucoup plus de détails sur les processus biologiques impliqués dans la schizophrénie que les modèles utilisés jusqu’ici. Il permet donc de mieux refléter la maladie dans la découverte de nouveaux médicaments.
Finalement, les résultats de l’étude prouvent bien que « l’on est ce que l’on mange » et qu’une surcharge de méthionine durant la grossesse peut provoquer le développement d’une schizophrénie plus tard chez l’enfant. Les scientifiques espèrent maintenant que le ciblage des effets de cet acide aminé puisse conduire au développement de nouveaux médicaments.
Charline D., Pharmacien
– Méthionine. EurekaSanté. Le 18 août 2014.