Près de 21 millions d’individus serait concernés par la schizophrénie dans le monde selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé). Bien que l’origine exacte de cette maladie soit encore inconnue à ce jour, le lien entre hormones sexuelles et schizophrénie est de plus en plus étudié. Une récente revue de la littérature récapitule les connaissances actuelles sur le sujet dans le but d’optimiser un maximum la prise en charge des patients atteints de schizophrénie.
La schizophrénie diffère selon le sexe
Les hormones sexuelles ou gonadiques jouent un rôle important tout au long de la vie reproductive d’un individu. C’est par exemple, grâce à elles que l’on peut différencier physiquement un homme d’une femme. Mais au-delà des fonctions purement reproductives, les hormones sexuelles influencent aussi considérablement le quotidien. En effet, elles ont un impact sur la régulation de certains processus au niveau du système nerveux central comme l’humeur ou les fonctions cognitives.
L’implication des hormones sexuelles dans la pathogenèse de la maladie est suspectée depuis plusieurs années, particulièrement depuis que les chercheurs ont observé que la schizophrénie se manifestait différemment chez l’homme et la femme, et qu’elle survenait souvent peu de temps après la puberté.
En effet, selon le sexe du patient, la prévalence, l’apparition, les symptômes et l’évolution de la maladie ne sont pas les mêmes. Par exemple, les patientes souffrant de schizophrénie ont un âge de début plus tardif (aux alentours des 10 ans), une meilleure réponse aux traitements, plus de symptômes paranoïdes, mais moins de symptômes négatifs par comparaison aux patients de sexe masculin.
À noter ! Des différences dans l’association de certains gènes considérés comme à risque (par exemple le DISC1) pour la schizophrénie ont également été notées entre les deux sexes.
Schizophrénie et hormones
Les estrogènes
L’expression de la schizophrénie diffère clairement entre un homme et une femme. Une différence imputable pour beaucoup à l’action des estrogènes.
Les épisodes psychotiques semblent survenir plus volontiers en période de sevrage estrogénique, par exemple pendant les menstruations, en post-partum ou après la ménopause. Tandis qu’un nombre de rechutes réduit a été observé chez les femmes enceintes, lorsque les taux plasmatiques d’estrogènes sont importants. Des observations qui semblent donc être en faveur d’un effet neuroprotecteur des estrogènes, mais qu’il convient de vérifier avec des études de plus grande envergure.
La testostérone
L’âge précoce de survenue de la maladie et sa plus grande incidence chez les hommes peut laisser envisager l’implication de la testostérone dans la schizophrénie. Des niveaux élevés de testostérone ont été associés à une augmentation des symptômes psychiatriques. Cependant, peu d’études sont disponibles sur le sujet.
L’hyperprolactinémie (taux sanguin excessif de prolactine) est un effet secondaire fréquent suite à la prise d’antipsychotiques sur le long terme. Toute étude sur les taux hormonaux peut donc être affectée par ces taux de prolactine. Une interaction qui explique peut-être le nombre insuffisant d’études disponibles.
Concernant les femmes, il a été récemment rapporté qu’il existait des niveaux de DHEA (précurseur de la testostérone) plus élevés chez les femmes schizophrènes que chez leurs homologues sains. Une observation qui suggère l’utilisation de la DHEA comme marqueur biologique de la schizophrénie chez les femmes après validation des résultats à plus grande échelle.
La progestérone
L’impact de la progestérone sur la schizophrénie est moins étudié. Le peu de données publiées sont incohérentes entre elles.
Charline D., Docteur en pharmacie