Les patients atteints de schizophrénie présentent un risque accru de diabète et s’exposent à deux fois plus de complications hyperglycémiques que la population générale. D’où la nécessité d’une prise en charge efficace et optimale.
Patients schizophrènes : attention au diabète
Maladie psychiatrique dont les facteurs de risque sont essentiellement génétiques, la schizophrénie expose le patient à un risque accru de diabète. Si une prédisposition génétique peut vraisemblablement expliquer ce phénomène, c’est surtout l’hygiène de vie du patient qui est en cause (sédentarité, prise de poids, troubles du comportement alimentaire, tabagisme) ainsi que l’impact de ses traitements antipsychotiques.
À savoir ! Les traitements antipsychotiques augmentent le risque de diabète et de certaines décompensations.
A cela s’ajoute l’état psychiatrique des patients souffrant de schizophrénie (fonctions cognitives altérées, apathie). Ils développent souvent peu de symptômes face aux désordres métaboliques qui apparaissent. De ce fait, les retards de diagnostic et de prise en charge exposent ces patients à plus de complications graves ainsi qu’à une mortalité accrue.
C’est sans compter qu’une fois le diabète diagnostiqué, les patients schizophréniques bénéficieraient de moins de soins de qualité que les autres patients diabétiques selon une étude taïwanaise.
Schizophrénie et diabète : Un risque accru de complications
Dans le cadre de cette étude à grande échelle menée sur une période de 11 ans (entre 1999 à 2010), deux groupes de patients ont été comparés :
- 13 858 patients diabétiques souffrant de schizophrénie : âgés en majorité de 30 à 60 ans dont 50% de femmes
- 55 407 patients diabétiques témoins
Les scientifiques ont ainsi pu constater que les événements hyperglycémiques étaient significativement plus fréquents chez les patients diabétiques souffrant de schizophrénie (2,16 fois plus en moyenne) que dans le groupe de patients diabétiques témoins.
Une précision doit cependant être apportée : chez les patients traités de longue date par des antipsychotiques, le risque de complications métaboliques semble légèrement atténué. Cet effet bénéfique à long terme pourrait peut être s’expliquer par un comportement plus adapté du patient par rapport à son diabète.
Améliorer la prise en charge du diabète des patients souffrant de schizophrénie
Si cette étude a le mérite d’analyser une cohorte de taille importante sur plusieurs années, elle présente néanmoins plusieurs limites parmi lesquelles le manque d’informations sur le statut des patients diabétiques, l’ancienneté de leur maladie, les traitements suivis, le détail des complications, ainsi que l’absence de détail sur les traitements antipsychotiques.
Dans tous les cas, les résultats de cette étude mettent en lumière la gravité de la situation des patients souffrant à la fois de schizophrénie et de diabète. A l’avenir, tout l’enjeu pour les professionnels de santé consistera à mettre en place des collaborations efficaces entre les psychiatres et les médecins généralistes/diabétologues dans l’intérêt d’une prise en charge efficace et optimale des patients.
Déborah L., Docteur en Pharmacie