Signes cliniques positifs • Signes cliniques négatifs • Signes de désorganisation • Autres signes
Signes cliniques positifs
L’hallucination
L’hallucination est une perception sans objet à percevoir.
On distingue :
- les hallucinations psychosensorielles (auditives +++, cénesthésiques ++, olfactives +, gustatives, visuelles). Les plus caractéristiques sont les hallucinations auditives (une voix interpelle le sujet, lui parle, lui donne des ordres…) et cénesthésiques (sensations physiques à type de tensions douloureuses dans la tête ou les organes sexuels, dans le cœur, ondes traversant le corps…). Ces phénomènes peuvent être élémentaires (son simple, …) ou complexes (plusieurs voix connues ou inconnues) ;
- les hallucinations intra-psychiques : sensation de voix ou de dialogue incoercible « dans la tête ».
Chez la majorité des patients schizophrènes, on retrouve un syndrome particulier qui se caractérise ainsi :
- début par des hallucinations intra-psychiques affectivement neutres (ni menaçantes, ni bienveillantes) ;
- viennent ensuite des phénomènes de devinement de la pensée (le sujet a la sensation que tout le monde sait ce qu’il pense), de commentaires ou d’écho des actes et des pensées (un commentaire intra-psychique sur ce qu’il pense ou fait : «tiens, il pense à sa sœur», «tiens, il mange un œuf»…) ;
- enfin, sont associées des hallucinations psychosensorielles malveillantes, des phénomènes d’influence et d’automatisme de la pensée (pensées ressenties comme étrangères, automatiques, incoercibles : le sujet parle de télépathie) ainsi que des phénomènes d’automatisme moteur (actes ressentis comme imposés et incoercibles).
Les phénomènes hallucinatoires, de télépathie et d’automatisme peuvent évidemment être la cause d’actes inattendus.
Le délire schizophrénique
Il est surtout illogique et incohérent.
Il est le plus souvent à thèmes persécutifs mais aussi mystiques, mégalomaniaques, d’invention.
Ces délires sont à la fois hallucinatoires, interprétatifs, intuitifs et imaginatifs.
- Les hallucinations peuvent être intra-psychiques, psychosensorielles, ou à type d’automatisme mental.
- L’interprétation consiste à donner un sens erroné à une situation. Par exemple, le malade éprouve un sentiment d’hostilité de l’environnement à son endroit.
- L’intuition est une conviction qui s’impose au sujet : intuition que l’interlocuteur est malveillant ou devine ses pensées.
- L’imagination participe à toute construction délirante même si celle-ci est incohérente !
L’angoisse
Elle est toujours majeure, extrêmement douloureuse. Elle peut générer soit une agitation, soit au contraire un état de stupeur.
Dans la forme la plus sévère, le patient ne peut même pas verbaliser cette angoisse : elle se lit sur son visage et se voit dans ses attitudes.
Elle peut même être anidéique c’est-à-dire sans contenu : elle ne peut donc même pas être énoncée !
L’agitation
Elle est à la fois induite par l’angoisse, le délire, les hallucinations et l’automatisme, la désorganisation psychique et comportementale.
Signes cliniques négatifs
L’autisme
L’autisme est une perte de contact avec le monde environnant : en retrait, peu bavard, peu réactif, le sujet autiste vit en son monde intérieur (plus angoissant et douloureux qu’agréable). C’est pour ne pas ignorer le fait que ce repli sur soi n’exclut ni fantaisies imaginatives, ni angoisse, ni pensées délirantes que Bleuler a proposé de remplacer le terme « démence précoce » par celui de « schizophrénie« .
L’émoussement affectif
L’émoussement affectif ne protège pas de l’angoisse. Il est une manifestation du désinvestissement du monde environnant, familial notamment. Le sujet n’éprouve plus d’amour pour son entourage, il ne réagit plus aux sollicitations affectives. Il apparaît indifférent.
L’indifférence émotionnelle
L’indifférence émotionnelle donne à ces patients un aspect lointain, comme s’ils étaient ailleurs, peu ou pas concernés par le présent, les autres, leur propre situation.
L’apragmatisme ou incapacité à agir
L’apragmatisme trahit un déficit d’énergie, de capacité à vouloir s’engager dans l’action. Les conséquences sociales sont souvent graves : chute du rendement scolaire, incapacité à maintenir un travail, difficulté à se lever, à se concentrer…
Signes de désorganisation
La perte d’unité psychique (appelée aussi dissociation ou discordance)
La perte d’unité psychique peut se manifester par des signes discrets : maniérisme gestuel ou verbal qui donne une impression de surcharge ou perte de fluidité du geste et du discours. A l’extrême, ceci peut aller jusqu’à des stéréotypies gestuelles (parole explosive, balancement saccadé du cou) ou des comportements déroutants : éclats de rire dans une situation grave ou, au contraire, pleurs inattendus.
L’incohérence idéique et verbale
L’incohérence idéique* et verbale peut aller à l’extrême jusqu’à une schizophasie** : bouillie de mots et de phrases incompréhensibles par l’emploi de mots inconnus ou mal venus, perte de la syntaxe, absence de construction de la pensée et du discours. Plus souvent, il s’agit d’une perte de cohérence : pensée floue et peu logique, discours allusif, déductions inattendues, associations d’idées saugrenues.
* Incohérence idéique : relâchement des associations des idées (flou de la pensée), troubles du jugement et du raisonnement aboutissant à l’état d’incohérence de la pensée et des propos.
** Schizophasie : désorganisation du langage par perte de la logique grammaticale et sémantique.
Les bizarreries comportementales
Les bizarreries du comportement pourront être évidentes : tenues vestimentaires singulières, attitudes non adaptées, mode de vie surprenant. Bien sûr, à elle seule, l’originalité ne peut soutenir un diagnostic de trouble schizophrénique ! Les bizarreries de croyances, de raisonnement et de comportement peuvent pourtant attirer l’attention de l’entourage.
La désocialisation
La perte des capacités d’adaptation à la vie de tous les jours avec désocialisation est un des résultats de la désorganisation. Un signe fréquent est l’inversion du rythme de vie : lever très tardif vers 14 heures ou 15 heures et vie nocturne solitaire, parfois bruyante et gênante pour la famille.
Un des objectifs des soins sera de limiter cette désocialisation en aidant les capacités du patient non altérées par la maladie : sur le plan intellectuel, affectif et social.
Autres signes
Les signes comportementaux
Beaucoup d’anomalies du comportement peuvent masquer ou révéler un trouble schizophrénique : toxicomanie, anorexie-boulimie*, troubles des conduites sexuelles, tentative de suicide…
Il importe donc d’être vigilant face à tous troubles comportementaux survenant à l’adolescenceou à l’âge adulte jeune, car plus le diagnostic de trouble schizophrénique est porté tôt plus le traitement est facilité et le pronostic amélioré.
* Anorexie : trouble du comportement alimentaire à type de perte de l’appétit se manifestant par une restriction alimentaire excessive d’origine psychique (anorexie mentale) ou organique.
* Boulimie : trouble du comportement alimentaire à type d’absorptions compulsives d’une quantité excessive d’aliments, en peu de temps et sans plaisir, souvent suivies de vomissements provoqués.
Les signes émotionnels
Des manifestations d’angoisse telles que crises spontanées d’angoisse ou provoquées par des objets ou situations (phobie d’objet, phobie sociale) nécessitent que soit écarté le diagnostic de trouble schizophrénique. Il en est de même pour toute dépressionà l’adolescence.
Les signes idéiques
Les difficultés de concentration intellectuelle, des idées obsédantes doivent également faire évoquer le diagnostic de trouble schizophrénique éventuellement confirmé par d’autres signes cliniques (bizarreries, incohérence, signes positifs ou négatifs…).