Apaiser les symptômes de la schizophrénie tout en préservant le patient des effets indésirables des médicaments est un travail thérapeutique qui prend souvent des années. Pour améliorer l’efficacité de chaque combinaison de molécules pharmaceutiques prescrites aux patients schizophrènes, des chercheurs de l’université Columbia ont étudié les données médicales de plus de 80 000 patients. Eclairage sur ces travaux publiés dans JAMA Psychiatry.
Des prescriptions de combinaisons médicamenteuses à améliorer
Les patients touchés par la schizophrénie disposent de plusieurs types de médicaments pour soigner l’ensemble de leurs symptômes. Généralement, les antipsychotiques sont les médicaments de première intention permettant de diminuer ou faire disparaître les idées délirantes et les hallucinations.
Cependant, ces médicaments peuvent être inefficaces contre les résistances et d’autres symptômes caractéristiques de la maladie psychiatrique comme la nervosité, la dépression et l’anxiété.
Ainsi, les patients se voient prescrire des médicaments psychiatriques (neuroleptiques typiques et atypiques) et/ou un autre antidépresseur, une benzodiazépine ou un stabilisateur de l’humeur.
À savoir ! Un neuroleptique est un antipsychotique qui a pour fonction d’agir sur les neuromédiateurs (molécules de communication entre les neurones) pour lutter contre les troubles psychiques (dépression, bipolarité, anxiété, troubles schizophréniques).
À savoir ! Une benzodiazépine est une molécule qui agit sur le système nerveux central et qui agit sur l’anxiété, induit le sommeil, décontracte les muscles et prévient la survenue de convulsions.
« Jusqu’à présent, nous ne savions pratiquement rien sur la façon dont ces stratégies se comparent les unes aux autres » a commenté le Pr. en psychiatrie Scott Stroup, auteur principal de ces travaux.
L’intérêt d’une combinaison antipsychotique + antidépresseur
Pour comprendre comment les associations de médicaments agissent sur la santé mentale du patient, les chercheurs américains ont recueilli les données médicales de 81 921 adultes atteints de schizophrénie. Ces patients ne prenaient qu’un antipsychotique depuis au moins 3 mois avant de commencer un complément de thérapie par un antidépresseur, une benzodiazépine, un stabilisateur de l’humeur ou un autre antipsychotique.
L’étude de ces données cliniques a permis de mettre en évidence que :
- Les patients ayant une combinaison d’antipsychotique avec un antidépresseur avaient moins de risque de se rendre aux urgences que les personnes combinant antipsychotique et benzodiazépines (-18%) ou deux antipsychotiques (-8%) ;
- Les antidépresseurs réduisent le risque d’hospitalisation de 16% par rapport aux antipsychotiques et de 22% par rapport aux benzodiazépines.
« Notre étude ajoute davantage de preuves que l’utilisation de benzodiazépines devrait être limitée et que l’association d’antidépresseurs à des antipsychotiques chez les personnes atteintes de schizophrénie pourrait avoir des avantages » a déclaré le Pr Scott Stroup.
Pour les chercheurs et les laboratoires pharmaceutiques qui les soutiennent, les investigations doivent se poursuivre pour :
- Proposer une association de médicaments rationnelle aux patients et éviter, au maximum, les approches empiriques qui peuvent prendre plusieurs années et occasionner chez les patients des effets indésirables qui vont le fragiliser et lui faire perdre sa motivation à suivre correctement son traitement médicamenteux ;
- Etudier de près le moment thérapeutique adéquat pour prescrire des antidépresseurs hors du cadre d’une dépression.
Julie P., Journaliste scientifique