Si les mesures de restrictions sanitaires tendent à s’alléger dans les semaines à venir, le SARS-CoV-2 continue de circuler activement en France. Les personnes atteintes de maladies mentales sont plus à risque d’être infectées et ont, selon une méta-analyse publiée dans The Lancet Psychiatry, deux fois plus de risque de développer une forme grave de la maladie. La fondation FondaMental appelle à renforcer la stratégie de vaccination de cette population.
Covid-19 et maladies mentales : l’infection touche plus fortement ces patients
La circulation du SARS-CoV-2 est toujours très forte en France. La semaine dernière, près de 131 000 nouveaux cas de Covid-19 ont été repérés avec 32 180 hospitalisations et 3 396 personnes admises en unités de soins critiques. Des études épidémiologiques rapportent que les patients souffrant de troubles psychiatriques ont un risque 5,7 à 7,6 fois plus élevé d’être infectées par la Covid-19. En France, ils représentent entre 650 000 et 1 600 000 personnes atteintes de troubles bipolaires et environ 600 000 personnes souffrant de schizophrénie. Des études antérieures ont démonté que les infections par la Covid-19 entraînent des répercussions plus fortes chez les personnes atteintes de troubles psychiatriques. Les causes de cette sur-gravité sont encore mal connues. Les chercheurs font l’hypothèse que cela résulterait de l’action directe de l’infection sur le cerveau et/ou du fait que la réponse immuno-inflammatoire induite par l’infection aurait un effet déclencheur sur les maladies mentales.
Deux fois plus de risque de présenter une forme grave de Covid-19
Une méta-analyse publiée en juillet 2021 dans The Lancet Psychiatry portait sur l’évaluation de la sévérité de l’infection par la Coid-19 chez les personnes souffrant de troubles psychiatriques. En regroupant de nombreuses études, les auteurs ont investigué cette problématique sur un grand groupe de personnes (sur 1 469 731 personnes incluses, 43 938 avaient une maladie mentale avant l’infection).
À savoir ! Une méta-analyse est un article scientifique qui réexploite des données existantes en combinant les résultats d’une série d’études menées indépendamment sur une question donnée. La méta-analyse est une synthèse statistique de ces études qui permet une analyse plus précise des données grâce à l’augmentation du nombre de cas étudiés (plus le nombre de personnes incluses dans une étude est grand, plus les résultats seront impactants) et de tirer une conclusion globale
Les résultats de cette étude interpellent. D’une part, ils montrent que la présence d’un trouble mental a priori est associée à un plus grand risque de mortalité suite à une infection par la Covid-19. Il est en de même pour les personnes souffrant de troubles psychotiques, de l’humeur, de maladies liées à la dépendance à des substances, de déficience intellectuelle et de troubles du développement. Mais ce résultat n’a pas été retrouvé chez les personnes souffrant de troubles anxieux. Par ailleurs, un risque plus grand de mortalité suite à une infection par la Covid-19 a également été associé à la prise d’un traitement anxiolytique, antipsychotique ou antidépresseur. Ce risque accru de mortalité est majoré chez les patients atteints de troubles psychiatriques sévères tels que les troubles bipolaires ou schizophrènes, par rapport aux autres maladies mentales.
Les personnes atteintes de maladies mentales encore trop peu vaccinées
FondaMental, fondation de coopération scientifique dédiée à la lutte contre les maladies mentales, appelle à l’augmentation de la couverture vaccinale des personnes souffrant de maladies psychiatriques, au regard du risque important de formes graves qu’elles sont susceptibles de contracter. A ce jour, le taux de vaccination dans cette population est faible : seuls 47,5% des personnes souffrant de troubles psychiatriques ayant débuté dès l’enfance et 82,6% de celles atteintes de troubles psychotiques ont un schéma vaccinal complet. Dans le contexte actuel de forte circulation du virus, il est nécessaire de mettre en place toutes les mesures pertinentes afin d’inciter les personnes atteintes de ces pathologies à débuter un schéma vaccinal ou à recevoir une dose de rappel.
Alexia F., Docteure en Neurosciences
– Mental disorders and risk of COVID-19-related mortality, hospitalisation, and intensive care unit admission: a systematic review and meta-analysis. thelancet.com. Consulté le 11 février 2022.
