La schizophrénie, qui touche en France environ 600 000 personnes, est l’une des pathologies qui souffrent le plus d’idées reçues et de tabous. Pour y voir plus clair et démêler le vrai du faux sur la schizophrénie, Santé Sur le Net répond à 10 grandes questions sur cette maladie mentale, souvent peu connue du grand public.
A l’origine de la schizophrénie
La schizophrénie, l’une des pathologies mentales les plus obscures pour le grand public, dure-t-elle toute l’existence ? La schizophrénie constitue une maladie chronique, qui évolue au long cours, et pour laquelle il n’existe pas de guérison définitive à l’heure actuelle, comme le diabète, les maladies auto-immunes ou encore l’asthme.
D’où vient la schizophrénie ? Est-ce une maladie héréditaire ? Les causes de cette maladie mentale semblent multiples, associant une composante génétique et une composante environnementale. Deux types de prédisposition génétique ont été identifiés pour la schizophrénie, mais leur impact resterait faible dans le développement de la maladie. Le poids des facteurs environnementaux serait donc plus important, en particulier :
- L’effet du stress ;
- La consommation de substances psychogènes, en particulier le cannabis.
Chez certains individus, la consommation de cannabis pourrait doubler le risque de développer une schizophrénie.
Une maladie invalidante au quotidien …
La schizophrénie peut-elle toucher n’importe quelle personne ? Les hommes comme les femmes sont affectées par cette maladie mentale, qui débute généralement au cours de l’adolescence ou au début de l’âge adulte. L’incidence est similaire entre les deux sexes, mais les hommes semblent développer des formes différentes (plus précoces, plus sévères) de celles observées chez les femmes. Certaines catégories de population pourraient également être davantage exposées, par exemple :
- Les populations citadines (en raison d’une plus forte exposition au stress) ;
- Les populations issues de l’immigration (également soumises à un stress plus important).
Les sujets schizophrènes sont-ils systématiquement dangereux pour les autres ? Les tristes faits divers sur des drames impliquant des sujets schizophrènes ont progressivement imprimé dans la conscience collective une image dangereuse du patient schizophrène. Pourtant, les spécialistes sont formels, la schizophrénie est avant tout dangereuse pour le patient lui-même, plus que pour son entourage. Le taux de suicide est particulièrement élevé dans la population schizophrène, alors que les actes dangereux commis par des sujets schizophrènes restent exceptionnels.
… mais une vie presque normale reste possible
La schizophrénie empêche-t-elle d’être autonome ? Avec un diagnostic posé tôt et une prise en charge adaptée, le sujet schizophrène peut mener une vie presque normale, malgré des traitements parfois lourds. Le risque de décrochage scolaire ou d’isolement social et professionnel reste majeur, mais certaines approches sont très utiles pour maintenir au maximum l’autonomie du patient, par exemple :
- La réhabilitation cognitive pour remédier un à un à tous les déficits cognitifs ;
- Les thérapies cognitivo-comportementales pour aider le patient à gérer les signes positifs et négatifs de la maladie.
Quel est le rôle de l’entourage ? Bien sûr, les aidants, la famille, les amis, … jouent un rôle essentiel dans la prise en charge de la schizophrénie. Les traitements psychotropes compliquent le quotidien, mais il est possible de travailler et de fonder une famille avec la schizophrénie. Pour environ 30 % des patients, les traitements stabilisent la maladie après quelques années, même si les rechutes restent possibles. A l’inverse, un petit tiers des patients répondent mal aux traitements et présentent des formes rebelles de schizophrénie.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Schizophrénie. who.int. Consulté le 14 avril 2021.
– Schizophrénie. fondation-fondamental.org. Consulté le 14 avril 2021.