Les causes et les mécanismes précis à l’origine de la schizophrénie restent encore mal connus, ce qui limite le développement de nouvelles thérapies efficaces. Récemment, des chercheurs ont évalué la piste de la bétaïne, une substance habituellement extraite de la betterave à sucre, sur un modèle murin de schizophrénie. La bétaïne pourrait faire face à la schizophrénie Résultats.
La bétaïne pour faire face à la schizophrénie
La schizophrénie implique dans ses mécanismes physio-pathologiques des changements morphologiques des neurones, dont les mécanismes moléculaires ne sont pas encore totalement élucidés. Dans une récente étude, publiée dans la revue scientifique Cell Reports, des chercheurs ont utilisé un modèle de souris présentant des symptômes similaires à ceux de la schizophrénie pour évaluer l’effet de la bétaïne sur la maladie psychiatrique.
La bétaïne est une substance généralement extraite de la betterave à sucre, mais elle se retrouve aussi en quantité plus faible dans les épinards et les fruits de mer. Elle est déjà largement utilisée comme complément alimentaire pour faciliter la digestion et l’assimilation des graisses par le foie et pour soulager certains troubles digestifs. Cette substance est également présente à l’état naturel dans l’organisme.
La bétaïne réduit les symptômes de la schizophrénie …
Des études antérieures ont déjà révélé que le niveau de bétaïne dans le cerveau des patients schizophrènes est réduit par rapport aux personnes en bonne santé. Dans cette étude menée chez les souris, l’administration d’un supplément alimentaire en bétaïne a entraîné :
- Une réduction des troubles comportementaux des souris ;
- Une restauration de la morphologie des neurones et des connexions neuronales.
Cet effet de la bétaïne serait lié à un gène précis chez la souris, un gène impliqué dans la voie de synthèse de la bétaïne. La déficience de ce gène chez les souris entraîne des symptômes proches de la schizophrénie, des symptômes réduits par une supplémentation en bétaïne. Sur le plan morphologique, les neurones retrouvent une architecture normale et une protéine particulière semble protégée, la protéine CRMP2. Cette protéine assure le maintien du réseau neuronal dans son état normal, prévenant ainsi les déformations associées à la schizophrénie.
… et restaure un réseau neuronal normal chez la souris
De tels résultats suggèrent un effet thérapeutique possible de la bétaïne sur certaines formes de schizophrénie. Un effet qui reste encore à démontrer chez l’homme. Les chercheurs de l’étude espèrent pouvoir rapidement mener des essais cliniques pour valider cette hypothèse.
La bétaïne semble donc une piste intéressante pour faire face à la schizophrénie, mais des études complémentaires seront nécessaires pour évaluer son effet et sa tolérance chez l’homme. Même si la bétaïne est déjà utilisée comme complément alimentaire, cette substance n’est pas anodine. Elle ne doit pas être consommée par les femmes enceintes ou allaitantes, et est également déconseillée en cas de reflux gastro-œsophagien ou d’ulcère gastrique. Dans tous les cas, sa consommation doit rester modérée, ponctuelle et sous contrôle médical.
Estelle B., Docteur en Pharmacie