La schizophrénie est une maladie psychiatrique chronique qui touche environ 600 000 personnes en France. Encore aujourd’hui les origines de la schizophrénie sont mal connues et son diagnostic est difficilement posé. Pour la première fois, des chercheurs ont mis en évidence un défaut de communication cérébrale lié à l’émergence de symptômes psychotiques, avant même l’apparition de la maladie. Il s’agit d’une avancée prometteuse permettant d’envisager un diagnostic et une prise en charge très précoces. Retour sur les origines de la schizophrénie.
Origines de la schizophrénie, une affaire de plasticité
Hallucinations auditives, délires, retrait social… sont autant de symptômes qui caractérisent les personnes atteintes de schizophrénie. En plus de facteurs environnementaux, certaines prédispositions génétiques ont été mises en évidence. Notamment, une mutation du chromosome 22, appelée 22q11, augmenterait de 25 à 30% le risque de développer une schizophrénie à l’âge adulte. En général, la maladie se déclare à l’adolescence, entre 15 et 25 ans. Il s’agit d’une période critique dans le développement du cerveau.
À savoir! Le cerveau est un organe qui possède une structure dynamique. On parle de plasticité cérébrale : le cerveau s’organise et ajuste son organisation au cours de la vie, en fonction des expériences vécues. Le stress, les infections ou l’exposition à certaines substances sont des facteurs qui altèrent la qualité de cette plasticité. Couplés à une prédisposition génétique, ils pourraient être à l’origine du développement de maladies telles que la schizophrénie.
La schizophrénie est une maladie à fort impact psychosocial qui requiert des recherches approfondies pour identifier les marqueurs de sa survenue et de son évolution. Une identification précoce offre plus de chance de succès de l’intervention et de prévention de la sévérité de la maladie.
Un défaut de communication dans le cerveau
La bonne communication entre les différentes régions du cerveau est primordiale pour un traitement efficace des informations. Elle est mesurée par les scientifiques grâce à l’activité électrique du cerveau résultant de la communication entre les neurones. Cette activité prend un rythme particulier qui est oscillatoire. Un défaut de plasticité peut altérer la communication cérébrale. Des études, menées sur des modèles animaux souffrant de schizophrénie, l’ont déjà montré. En effet, les animaux présentaient des anomalies des voies de communications cérébrales.
Une étude récemment publiée dans The American Journal of Psychiatry démontre, pour la première fois, un phénomène similaire chez l’Homme. Les chercheurs ont analysé l’activité cérébrale d’enfants, d’adolescents et de jeunes adultes présentant une mutation 22q11, facteur de risque de développer une schizophrénie. Cette étude a révélé que :
- Les enfants et les adolescents porteurs de la mutation, mais sans symptômes, présentaient les mêmes perturbations de communication cérébrale que les personnes diagnostiquées schizophrènes ;
- Pour un développement cérébral normal, les oscillations doivent augmenter avec l’âge. Ceci n’est pas retrouvé chez les personnes porteuses de la mutation. C’est le signe d’un développement anormal de la communication entre les régions cérébrales ;
- Plus le déficit en communication cérébrale est grand, plus les symptômes psychotiques, telles que les hallucinations auditives, sont sévères. Cela confirme l’aspect progressif de la maladie.
L’espoir d’un diagnostic et d’un traitement précoces
Cette étude marque un tournant dans la compréhension des origines de la schizophrénie. En effet, elle offre la possibilité de détecter des anomalies de communication cérébrale avant l’apparition des premiers symptômes. Ce sont des éléments importants pour proposer un diagnostic et une prise en charge précoces.
Aujourd’hui, une prise en charge combinant un traitement pharmacologique et psychosocial permet une rémission totale dans un tiers des cas. Par ailleurs, des études menées chez la souris ont montré qu’un traitement médicamenteux proposé au bon moment corrige les dysfonctionnements cérébraux et stoppe la progression de la maladie. Nous savons à présent que les anomalies apparaissent très tôt et qu’elles sont détectables, reste à déterminer le moment optimal d’intervention.
Alexia F., Docteure en Neurosciences