Les personnes schizophrènes développent des symptômes psychotiques comme les délires et les hallucinations mais aussi des symptômes négatifs tels que la perte de motivation ou la difficulté à ressentir du plaisir. Des chercheurs israéliens du centre médical Beth ont réussi à repérer les connexions cérébrales à l’origine de ces symptômes négatifs et faire diminuer leur intensité grâce à la stimulation cérébrale non invasive. Un espoir pour les patients.
Repérer les connexions défaillantes à l’origine des symptômes négatifs
La schizophrénie est une maladie mentale chronique très invalidante. La diversité des symptômes rencontrés et la difficulté à mettre en place des thérapies complètes sans effets secondaires sont problématiques. Par exemple, les médicaments antipsychotiques font reculer la survenue et l’intensité des symptômes psychotiques (hallucinations et délires) sans avoir d’efficacité pour autant sur les symptômes négatifs.
À savoir ! Les symptômes positifs sont des manifestations qui s’ajoutent aux fonctions mentales habituelles d’un individu. Ils apparaissent au cours de la phase aiguë de la maladie. Ce sont des modifications dans les perceptions (hallucinations auditives et visuelles), des modifications dans la pensée et des croyances (délire, propos incohérents) et enfin, des changements de comportements comme la désorganisation. Les symptômes négatifs, plus difficiles à déceler, traduisent des pertes de fonctions habituelles. Les symptômes négatifs apparentés à la schizophrénie sont souvent confondus avec de la paresse. Ils sont une manifestation de la maladie. Ils apparaissent avant les symptômes positifs et peuvent persister même quand la personne est stabilisée. Ce sont des difficultés à communiquer, à ressentir du plaisir, à se motiver ou à exprimer ses émotions.
Ces derniers impactent sérieusement la vie sociale des patients puisqu’ils sont confrontés à une incapacité à ressentir du plaisir (anhédonie), à être motivé et à communiquer.
Pour identifier les structures cérébrales responsables des symptômes négatifs de la schizophrénie, les chercheurs du centre médical Beth Israel Deaconess (une antenne de l’université d’Harvard de Boston) ont réalisé des examens d’IRMf (imagerie par résonance magnétique fonctionnelle) sur 44 patients atteints de schizophrénie.
À savoir ! L’IRMf est une technique permettant de visualiser le fonctionnement cérébral en mesurant l’oxygénation qui augmente localement dans les régions du cerveau activées.
Résultats ?
Ces symptômes résultent d’un dysfonctionnement dans un réseau de neurones reliant le cortex préfrontal dorsolatéral et le cervelet.
À savoir ! Le cervelet est un centre nerveux qui régule la fonction motrice, autrement dit le mouvement, la posture et l’équilibre.
Une stimulation magnétique transcrânienne pour rétablir les connexions défectueuses
» Nous voulions savoir si nous pouvions restaurer ce circuit cérébral par une stimulation cérébrale non invasive, et si nous le pouvions, les gens iraient-ils mieux ? « commente Mark Halko, neurologue au Centre Benson de Berenson-Allen et spécialiste de la stimulation non invasive du cerveau.
A l’aide de champs magnétiques, les chercheurs ont stimulé, chez 11 patients, la zone cérébrale impliquée dans les troubles négatifs.
À savoir ! La stimulation magnétique transcrânienne (ou TMS) reste encore du domaine de la recherche et consiste à induire un champ magnétique à travers le cerveau. Il est cependant montré que cette modalité de stimulation, guidée par l’imagerie cérébrale, peut traiter certains symptômes schizophréniques, par exemple les hallucinations.
Le protocole de traitement était de deux séances de stimulation cérébrale par jour pendant cinq jours consécutifs. Les données d’IRMf et l’évaluation des symptômes ont permis aux neuroscientifiques de montrer que pour la majorité des volontaires, la stimulation restaurait la fonction du réseau cervelet-cortex tout en diminuant l’intensité des symptômes négatifs.
Après les hallucinations, la stimulation magnétique transcrânienne semblerait être efficace sur les symptômes négatifs. Reste désormais à répéter ces travaux sur un nombre plus important de patients pour prouver l’efficacité et l’innocuité sur le long terme de cette thérapie.
Julie P., Journaliste scientifique
– Cerebellar-Prefrontal Network Connectivity and Negative Symptoms in Schizophrenia. R.OBrady Jr et al. Consulté le 5 avril 2019.