Schizophrénie : Comment améliorer les soins en 2020 ?

La schizophrénie est une maladie psychiatrique qui représente un enjeu crucial de santé publique. Conscientes de la nécessité d’une prise en charge efficace de cette pathologie, les autorités sanitaires ont mis sur pied un programme intitulé « Psychiatrie et santé mentale » pour la période 2018-2023 et diverses rencontres pluridisciplinaires ont été organisées à travers tout le pays. Tour d’horizon des conclusions de ces différents travaux de réflexion.

Prise en charge de la schizophrénie en France

Touchant environ 600 000 personnes en France, la schizophrénie est une maladie psychiatrique qui se manifeste principalement par des hallucinations et des délires. C’est dire combien l’efficacité de sa prise en charge est importante pour la qualité de vie des patients et de leur entourage.

La Haute Autorité de Santé a mis sur pied un programme intitulé « Psychiatrie et santé mentale » pour la période 2018-2023 à travers lequel la collaboration multidisciplinaire est apparue comme objectif prioritaire. C’est ainsi que depuis 2017, des réunions pluridisciplinaires ont été lancées dans le cadre du projet « LINK ». Huit rencontres ont déjà eu lieu dans toute la France réunissant une soixantaine d’experts parmi lesquels des psychiatres, des médecins, des pharmaciens, des infirmiers, des psychologues et des représentants d’association de patients et de familles.

Il ressort de ces échanges et travaux de réflexion que si le psychiatre joue un rôle clé dans la prise en charge globale de la schizophrénie, les autres professionnels de santé ne sont pas en reste.

Conclusions des travaux de réflexion

L’objectif des réunions pluridisciplinaires organisées consistait avant tout à cerner les enjeux de la continuité des soins pour les patients, faire le bilan des différentes pratiques ayant cours en France pour enfin proposer de nouvelles perspectives d’amélioration.

S’agissant de la continuité des soins, les différents échanges à l’occasion de ces rencontres ont permis de souligner l’importance de construire une relation de confiance avec le patient. Comprendre ses attentes et son profil psychologique et médical apparaît primordial. Impliquer le patient dans son suivi et son traitement afin qu’il en devienne acteur, assurer la continuité de son traitement en optimisant son observance, améliorer le bien-être, la qualité de vie et favoriser l’autonomie du patient, sont donc autant d’éléments clés permettant d’assurer le succès de sa prise en charge.

À savoir ! Le désengagement des soins représente un risque important pour les patients atteints de schizophrénie avec des conséquences parfois graves  (exacerbation des symptômes, rechutes, violences, suicides etc).

S’agissant des pratiques ayant cours aujourd’hui en France, elles se basent sur l’intervention de différents professionnels de santé parmi lesquels :

• le psychiatre (à l’origine de la prise en charge initiale)
• l’infirmier diplômé d’Etat (qui dispense les traitements)
• le médecin généraliste (qui renouvelle les prescriptions, soutient, informe et accompagne le patient et son entourage)
• le pharmacien
• le psychologue
• les associations

Il est cependant regrettable de constater les grandes disparités régionales concernant le parcours du patient et les techniques employées ainsi que le manque de coordination entre les différents professionnels de santé.

Pistes d’amélioration

Les échanges ayant eu lieu dans le cadre de ces réunions pluridisciplinaires ont finalement permis d’entrevoir des pistes et des outils concrets pour améliorer la prise en charge des patients atteints de schizophrénie ainsi que la coordination entre les différents professionnels de santé.

Pour le patient, il s’agira avant tout de l’accompagner dans son suivi, son observance au traitement ainsi que dans son projet de vie. Pour ce faire, plusieurs idées ont été proposées parmi lesquelles  la création d’un carnet de liaison du patient entièrement dédié à la continuité des soins, le développement de l’éducation thérapeutique du patient, le développement d’espaces de discussion, voire des motivations financières pour inciter le patient à suivre son traitement.

Pour les professionnels de santé, l’enjeu principal restera la coordination entre les différents intervenants intra et extra-hospitaliers ainsi que l’amélioration de la formation initiale et continue de tous les professionnels de santé sur la schizophrénie.

Gageons qu’en 2020, l’ensemble de ces pistes d’amélioration permettront de fournir aux patients atteints de schizophrénie des soins de meilleure qualité.

Déborah L., Docteur en Pharmacie

Sources