Et si la schizophrénie pendant la grossesse exposait à un risque accru de complications pour la mère et son bébé ? C’est ce que suggère une étude française publiée dans The Lancet Europe. Explication du lien Schizophrénie et grossesse.
Schizophrénie et grossesse : cas particulier
La schizophrénie désigne une maladie psychiatrique qui se manifeste dans plus d’un tiers des cas par des débuts aigus, avec des bouffées délirantes nécessitant d’hospitaliser le patient. Les symptômes de ce trouble sont très variables d’un patient à l’autre et évoluent au cours du temps.
À savoir ! Les symptômes de la schizophrénie sont classés en 3 catégories : symptômes positifs (paranoïa, mégalomanie, hallucinations essentiellement auditives), symptômes négatifs (isolement familial et social, insensibilité au monde extérieur) et difficultés cognitives avec désorganisation de la pensée, des paroles, des émotions et des comportements.
De nos jours, lorsque la prise en charge est adaptée, une rémission durable s’observe chez un tiers des patients. Quant aux origines de ce trouble, les chercheurs tentent aujourd’hui de les décrypter, l’objectif étant d’intervenir le plus tôt possible afin de prévenir la sévérité de cette maladie.
Mais qu’en est-il lorsqu’une grossesse vient se superposer à ce trouble ? Les femmes enceintes souffrant de schizophrénie sont-elles davantage exposées à plus de complications pour elles et leur enfant à naître ? C’est ce qu’ont cherché à savoir le Dr Guillaume Fond et son équipe à travers une étude dont les conclusions ont été publiées dans The Lancet Europe.
Un risque accru de complications chez les femmes enceintes souffrant de schizophrénie
Pour mener à bien leurs recherches, le docteur Guillaume Fond et son équipe ont étudié les données récentes de près de 3,6 millions de femmes ayant accouché entre le 1er janvier 2015 et le 31 décembre 2019.
Après avoir tenu compte de différents critères, les scientifiques ont pu faire les observations suivantes :
- Sur le nombre total des femmes incluses de l’étude, 3 108 souffraient de schizophrénie.
- Les femmes enceintes souffrant de schizophrénie étaient plus âgées, présentaient davantage d’addictions (tabac, alcool, toxiques), souffraient davantage d’obésité et de comorbidités (diabète et BPCO) que les femmes sans troubles psychiatriques.
- Les femmes souffrant de schizophrénie présentaient un risque accru de 40 % de complications pendant la grossesse (diabète gestationnel, hypertension artérielle, infections urinaires ou génitales, retard de croissance intra-utérin).
- Le risque de complications lors de l’accouchement était augmenté de 20 % avec davantage d’enfants mort-nés, d’interruptions médicales de grossesse ou de césariennes.
À savoir ! Dans cette étude, aucune différence n’a été observée entre les deux groupes quant au risque de pré-éclampsie.
Selon les auteurs de l’étude, la schizophrénie exposerait ainsi les patientes enceintes à un risque accru de complications pendant la grossesse et l’accouchement. Quant à leurs nouveau-nés, ils présenteraient plus de complications néonatales que les autres. Parmi ces complications néonatales, citons la prématurité, une petite taille à la naissance ou encore un faible poids.
Vers un meilleur suivi des femmes enceintes souffrant de schizophrénie
Cependant, en dépit du risque accru de complications pour les mères et leurs enfants, l’accompagnement des femmes enceintes atteintes de schizophrénie reste largement insuffisant sur notre territoire. D’après les auteurs de cette étude, ce sont seulement 29,8 % des femmes enceintes atteintes de schizophrénie qui ont eu des contacts réguliers d’au moins sept rendez-vous pour des soins psychiatriques ambulatoires.
Les auteurs plaident donc en faveur d’un meilleur accompagnement des femmes enceintes atteintes de schizophrénie. Ils soulignent l’importance de la prévention des complications à travers l’incitation au sevrage tabagique précoce, à l’abstinence d’alcool et à l’arrêt de l’abus de substances.
Déborah L., Docteur en Pharmacie