La schizophrénie est une maladie psychiatrique qui touche environ 600 000 personnes en France et qui se manifeste essentiellement par des hallucinations et des délires. Ses facteurs de risque sont essentiellement génétiques et les chercheurs tentent aujourd’hui de mieux les définir en vue d’une meilleure prévention de la maladie. Et si l’apparition de la schizophrénie n’était pas seulement d’origine héréditaire ?
Qu’est-ce que la schizophrénie ?
La schizophrénie est une maladie psychiatrique qui se déclare le plus souvent pendant l’adolescence. Dans plus d’un tiers des cas, elle se manifeste par des débuts aigus, avec des bouffées délirantes nécessitant d’hospitaliser le patient.
Les symptômes de ce trouble sont très variables d’un patient à l’autre et évoluent au cours du temps.
À savoir ! Les symptômes de la schizophrénie sont classés en 3 catégories : symptômes positifs (paranoïa, mégalomanie, hallucinations essentiellement auditives), symptômes négatifs (isolement familial et social, insensibilité au monde extérieur) et difficultés cognitives avec désorganisation de la pensée, des paroles, des émotions et des comportements.
De nos jours, une rémission durable s’observe chez un tiers des patients ayant bénéficié d’une prise en charge adaptée. Les chercheurs tentent actuellement de mieux comprendre ce trouble et ses origines, l’objectif étant d’intervenir le plus tôt possible afin de prévenir la sévérité de la maladie. Une récente étude américaine suggère que l’environnement intra-utérin soumis à de graves complications pendant la grossesse pourrait favoriser au sein du placenta le développement de ce trouble psychiatrique à la naissance.
L’étude, menée par le Dr Daniel R. Weinberger du Lieber Institute for Brain Development, à Baltimore, a fait une découverte capitale dans la compréhension des facteurs qui contribuent à l’apparition de la schizophrénie.
Lien entre schizophrénie et placenta
Plusieurs études menées par le passé ont déjà démontré le rôle majeur de l’environnement intra-utérin dans le développement cérébral et l’apparition de troubles mentaux chez l’enfant. Cette nouvelle étude a pour objectif de définir précisément les éléments ayant un impact sur la maladie afin de la prévenir aux mieux.
Pour mener à bien leurs recherches, les auteurs de l’étude ont recueilli les données d’une cohorte de 2800 sujets dont 2038 souffrant de cette pathologie mentale évoluant vers une dissociation progressive de la personnalité à travers le monde (USA, Allemagne, Italie et Japon).
Les scientifiques ont ainsi observé que chez les sujets présentant une prédisposition génétique à la schizophrénie, le risque de développer cette pathologie mentale était multiplié par cinq en cas de graves complications durant la grossesse (infections, virus…).
L’étude émet également l’hypothèse selon laquelle le placenta pourrait constituer le lien entre ces complications et la prédisposition génétique vu qu’un tiers des gènes associés à l’expression de cette maladie s’y développent. C’est ainsi que le placenta jouerait un rôle central dans l’expression des gènes liés au développement de la schizophrénie.
À savoir ! Le placenta est un organe fondamental qui permet l’échange des substances contenues dans le sang de la mère et celui du fœtus, apportés par des canaux différents, sans jamais les mettre en contact direct, et ainsi apporter à l’embryon nutriments et dioxygène tout en évacuant les déchets (dioxyde de carbone, urée…).
« Pour la première fois, nous avons trouvé une explication au lien entre les complications précoces, le risque génétique et leur impact sur la maladie mentale et tout converge vers le placenta », affirme le Dr Daniel Weinberger.
C’est en étudiant des échantillons de placenta portant les marques des pathologies liées à des complications de grossesse (naissances prématurées, césariennes d’urgence, hypertension artérielle) que les chercheurs sont également parvenus à une seconde hypothèse : les complications de la grossesse provoquant une diminution d’afflux sanguin, le placenta entraînerait dès lors l’expression des gènes associés au développement de la schizophrénie.
Vers une meilleure connaissance du placenta
Forts de ces observations, les auteurs de l’étude en ont tiré les conclusions suivantes :
- Le placenta est « le chaînon manquant entre les facteurs de risque reposant sur la santé maternelle induisant des complications durant la grossesse, le développement du cerveau du foetus et l’émergence de troubles du comportement » ;
- Le temps des hypothèses uniquement « génétiques » ou uniquement « environnementales » est révolu. Cette nouvelle étude vient rapprocher ces deux visions.
Le placenta constitue ainsi « la pièce maîtresse d’un nouveau domaine d’investigation biologique sur la manière dont les gènes et l’environnement interagissent » au niveau du développement cérébral. Cette étude ouvre ainsi la voie à une meilleure compréhension du lien entre les conditions du placenta chez la mère et le développement neuronal du fœtus.
Déborah L., Docteur en Pharmacie
– Schizophrénie. Intervenir au plus tôt pour limiter la sévérité des troubles Inserm. Consulté le 10 juin 2018.