Un peu moins d’1% de la population française serait touché par la schizophrénie, une maladie mentale parfois difficile à distinguer d’autres formes de psychoses. Dans une récente étude, des chercheurs ont utilisé une méthode habituellement réservée aux ophtalmologistes, pour étudier la rétine de patients atteints de schizophrénie. Les résultats montrent qu’une telle méthode pourrait être utilisée pour diagnostiquer la schizophrénie et estimer sa sévérité.
Le diagnostic de la schizophrénie
Si la schizophrénie est la psychose la plus répandue, elle est parfois difficile à distinguer des autres formes de psychoses, comme les paranoïas, la psychose hallucinatoire chronique ou les paraphrénies. En effet, la schizophrénie se manifeste de manière très variable selon les personnes touchées.
Le diagnostic de la schizophrénie se base actuellement sur l’existence quasiment permanente de symptômes positifs (hallucinations, délires, troubles de la pensée et du langage, agitation et troubles psychomoteurs) et de symptômes négatifs (démotivation, apathie, retrait social et dépersonnalisation) sur une période minimale de six mois, avec des conséquences négatives sur la vie familiale, sociale, scolaire ou professionnelle.
Avant de confirmer avec certitude le diagnostic, le médecin doit préalablement éliminé d’autres causes qui pourraient expliquer les symptômes, en particulier :
- Une tumeur cérébrale ;
- Des troubles thyroïdiens ;
- Une addiction ;
- Une forme d’épilepsies.
De l’examen de la rétine à la schizophrénie
Des études scientifiques antérieures avaient montré que les personnes atteintes de schizophrénie présentaient une activité électrique anormale au niveau de la rétine. Pour aller plus loin, des chercheurs ont utilisé un dispositif portatif d’électrorétinographie flash sur des patients schizophrènes.
L’électrorétinographie flash, encore appelé l’électrorétinogramme par flash ou encore l’électrorétinogramme global, correspond à un enregistrement de l’activité électrique de la rétine en réponse à une stimulation lumineuse. Cette technique, habituellement réservée aux ophtalmologistes, est le seul examen qui permette de diagnostiquer et de déterminer le niveau d’atteinte des dystrophies rétiniennes (maladies de la rétine), quel que soit l’âge des patients et le type de dystrophie.
Pour la première fois, des chercheurs ont ainsi utilisé un dispositif portatif de balayage de la rétine pour évaluer la schizophrénie. Leurs résultats viennent d’être publiés dans la revue scientifique Journal of Abnormal Psychology.
Vers de nouveaux tests de diagnostic de la schizophrénie
Les résultats de l’étude ont montré une réduction de l’activité électrique au niveau de plusieurs couches cellulaires de la rétine, chez les patients atteints de schizophrénie. Cette réduction a été mise en évidence à la fois dans les conditions de vision diurne et de vision nocturne, mais aussi dans différents types de cellules rétiniennes.
De ces résultats, les chercheurs ont conclu que la schizophrénie est associée à une réduction du fonctionnement des cellules photoréceptrices de la rétine (les cônes et les bâtonnets) et des cellules bipolaires. La fonction des cellules ganglionnaires de la rétine est également altérée.
À savoir ! Au niveau de la rétine, l’information sur le signal lumineux perçu se transmet des photorécepteurs (cônes, bâtonnets) vers les cellules bipolaires, puis vers les cellules ganglionnaires, avant d’être transmis au nerf optique.
L’utilisation du dispositif portatif serait ainsi capable de détecter des anomalies indicatrices de la présence d’une schizophrénie et d’évaluer sa sévérité. Les chercheurs étudient désormais le lien éventuel entre les troubles rétiniens et les modifications de la structure et du fonctionnement du cerveau observées dans la schizophrénie. De tels résultats laissent entrevoir la possibilité de mettre au point de nouveaux tests diagnostiques de la schizophrénie, plus précis et moins invasifs.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Le diagnostic de la schizophrénie. Eureka SANTE VIDAL. 19 janvier 2018.
– Electroretinographic anomalies in schizophrenia. psycnet.apa.org. Demmin, D.L. and al. 2018. J Abnorm Psychol. 127(4): 417-428.