Enjeu crucial de santé publique, la schizophrénie désigne une maladie psychiatrique dont les origines restent encore à éclaircir. Une récente étude japonaise suggère que cette pathologie pourrait avoir une origine auto-immune.
Schizophrénie : des causes encore incertaines
La schizophrénie est une maladie psychiatrique qui touche près de 600 000 personnes en France. Se manifestant essentiellement par des hallucinations et des délires, ce trouble affecte les pensées, les agissements ainsi que la perception de la réalité. Le traitement de cette pathologie s’avère difficile en raison des nombreuses causes et symptômes différents qu’elle englobe. C’est pour cette raison que la communauté scientifique cherche aujourd’hui à mieux comprendre ce trouble et ses origines. L’objectif étant d’établir un diagnostic et d’intervenir le plus tôt possible pour en prévenir la sévérité.
Certes, des études génétiques et étiologiques menées par le passé ont suggéré l’hypothèse de mécanismes auto-immuns sous-jacents à la schizophrénie mais sans pour autant en préciser les détails. Une équipe de scientifiques japonais de l’Université médicale et dentaire de Tokyo a donc souhaité creuser cette piste pour faire la lumière sur le sujet.
Schizophrénie : une potentielle origine auto-immune
L’objectif de cette étude ? Identifier d’éventuels auto-anticorps pouvant être à l’origine de la schizophrénie.
À savoir ! Un auto-anticorps est une protéine produite par le système immunitaire de l’individu et qui se fixe à une substance spécifique de son organisme au lieu de se fixer à une substance étrangère comme un virus ou une bactérie.
Pour mener à bien leurs travaux, les chercheurs se sont appuyés sur des études antérieures ayant suggéré que la molécule NCAM1 pourrait jouer un rôle dans le développement de la schizophrénie.
À savoir ! NCAM1 est une molécule d’adhésion des cellules neurales chargée d’aider les cellules du cerveau à communiquer entre elles grâce à des connexions spécialisées appelées « synapses ».
C’est ainsi qu’ils ont recherché des auto-anticorps dirigés contre cette molécule NCAM1 dans une cohorte composée d’environ 200 patients souffrant de schizophrénie et de 200 témoins. Sur la totalité des participants, seuls 12 patients présentaient ces auto-anticorps, ce qui laisse penser que les auto-anticorps pourraient être associés à la schizophrénie chez seulement un petit sous-ensemble de patients schizophrènes.
L’équipe de scientifiques a ensuite voulu savoir si ces auto-anticorps pouvaient conduire à des symptômes similaires à ceux provoqués par la schizophrénie. Pour cela, ils ont eu recours à des modèles animaux. Après avoir purifié les auto-anticorps de certains patients souffrant de schizophrénie, ils les ont injectés dans le cerveau d’un groupe de souris. Et d’après l’auteur principal de cette étude, « les résultats ont été impressionnants ». Bien que le cerveau des souris n’ait été au contact de ces auto-anticorps que pendant une courte période, les changements de comportement des rongeurs étaient similaires à ceux observés chez les patients souffrant de schizophrénie :
- Troubles cognitifs et changements dans leur régulation du réflexe de sursaut
- Réduction du nombre de synapses et d’épines dendritiques
À savoir ! Les synapses et les épines dendritiques désignent des structures importantes pour les connexions entre les cellules du cerveau. Ces structures sont affectées dans la schizophrénie.
Publiés dans la revue Cell Reports Medicine, ces résultats sont encourageants. Ils laissent entrevoir l’espoir d’un meilleur diagnostic et d’une meilleure prise en charge de la schizophrénie chez certains patients résistants aux traitements.
Déborah L., Docteur en Pharmacie
