Si la grande majorité des schizophrènes n’est pas violente, il existe une petite frange de malades susceptibles de passer à l’acte. Pour l’entourage ou les soignants, il est important de connaître les facteurs de risque. Parmi eux, la consommation d’alcool ou de cannabis.
Un risque de violences faible, majoré par l’alcool ou le cannabis
Même si les crimes commis par des schizophrènes sont souvent très violents et défrayent la chronique, le risque demeure faible ; il est néanmoins un peu augmenté par rapport à la population générale. Le taux d’homicide chez ces patients est de 0.5 % (contre 0.03 %dans l’ensemble de la population).
Les schizophrènes auraient 2 à 4 fois plus de risques d’être violents que le tout-venant. Alors que les femmes sont moins souvent responsables d’actes violents (90 % sont commis par des hommes), les patientes schizophrènes se révèlent aussi violentes que les patients masculins.
Les gestes violents sont en général dirigés vers l’entourage : famille ou soignants. Il est important de connaître les facteurs de risque pour anticiper ces actes de violence.
Le risque de passage à l’acte est multiplié par 9 en cas d’abus d’alcool, de cannabis ou de médicaments type tranquillisants.
A savoir ! Le cannabis n’est pas seulement responsable de violence chez les schizophrènes, il semble également être un des déclencheurs de la maladie lorsqu’il est consommé à l’adolescence. Cet effet est cependant très variable d’un individu à l’autre et interagirait avec des facteurs génétiques.
Des facteurs de risque à reconnaître
Outre les abus de drogues ou d’alcool, d’autres facteurs entrent en jeu pour prédire la dangerosité d’un malade. Ce sont :
Des facteurs intrinsèques à la maladie ou à son historique :
Le risque est augmenté en début de maladie. 38 % des homicides sont commis lors du premier accès psychotique. La période suivant une hospitalisation est aussi délicate. Les patients très délirants, paranoïaques, souffrants d’hallucinations auditives impérieuses (leur donnant des ordres) sont plus susceptibles de passer à l’acte suite à un danger imaginaire. Un patient très méfiant ou ne respectant pas son traitement doit alerter le médecin.
Parmi les schizophrènes ayant déjà commis des violences ou ayant déjà été incarcérés, les risques de récidives sont importants. L’aspect impulsif d’un précédent crime est un caractère aggravant.
Des facteurs extrinsèques à la maladie :
Le schizophrène violent est en général un homme jeune. Un faible statut économique, le chômage ou encore une absence de liens familiaux sont également des facteurs de risque à prendre en compte. Une majorité de patients violents serait sans domicile et aurait recours à la délinquance pour survivre. C’est la violence liée à la schizophrénie qui pourrait être responsable de leur désocialisation et perdurer du fait des conditions de vies difficiles et de l’absence de traitement.
A savoir ! En cas d’hospitalisation, la promiscuité et le manque de disponibilité du personnel peuvent entraîner un passage à l’acte sur un soignant ou un autre malade.
La famille en première ligne
Si la famille arrive en tête des victimes d’acte de violence par les schizophrènes (74 % des personnes tuées seraient des membres de la famille), elle est aussi garante d’une meilleure prise en charge.
Lorsque l’entourage est présent, sa parole doit être entendue. Les proches sont les plus à même d’alerter sur un changement de comportement, un arrêt du traitement, des menaces proférées, la consommation de drogues…
Dans la prévention de la violence liée à la schizophrénie, l’alliance thérapeutique entre le patient, la famille et le médecin se révèle primordiale.
Isabelle V., Journaliste scientifique
Sources :
Ma-schizophenie.com
Schizophrénie et violence,MJ Vandamme, Hal.archives-ouvertes, 2009
Violence et schizophrénie, A. Quenneville, La revue du praticien, Février 2017
Schizophrénie,Inserm, Mai 2014
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