Les troubles sexuels, plus fréquents en cas de schizophrénie ?!

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Rédigé par Estelle B. et publié le 30 décembre 2019

Les troubles sexuels deviennent plus fréquents à partir de 40 ans, surtout chez les patients atteints de schizophrénie. Or ces troubles peuvent avoir une influence négative sur la qualité de vie et l’observance des traitements antipsychotiques. Pour mieux comprendre ce phénomène, des chercheurs français ont compilé l’ensemble des données scientifiques disponibles sur ce sujet.

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Schizophrénie et troubles sexuels

Les trouble sexuels semblent toucher les personnes schizophrènes plus fréquemment que le reste de la population. Ce phénomène s’explique par la maladie en elle-même, par la dépression qui lui est associée et par les traitements médicamenteux prescrits contre la schizophrénie et/ou contre la dépression.

Les troubles sexuels chez les patients schizophrènes altèrent la qualité de vie des patients, mais représentent aussi une cause importante d’arrêt des médicaments. Pour faire le point sur cette situation, des chercheurs marseillais ont récemment réalisé une revue de littérature pour évaluer précisément :

  • La prévalence des troubles sexuels dans la population schizophrène ;
  • Les facteurs de risque associés à ce phénomène.

Des troubles sexuels plus fréquents et plus précoces

Au total, les chercheurs ont compilé les données de 89 études ayant porté sur 25 490 personnes schizophrènes, âgées de 18 à 70 ans. Selon les études, la prévalence des troubles sexuels était élevée et concernait :

  • 30 à 82 % des participants des études ;
  • 33 à 85 % des hommes ;
  • 25 à 85 % des femmes.

De telles variations n’ont pas permis aux chercheurs de déterminer une prévalence moyenne des troubles sexuels chez les sujets schizophrènes. Plus en détail, les troubles sexuels rapportés dans les études étaient :

  • Une perte de libido pour les deux sexes ;
  • Une dysfonction érectile chez les hommes ;
  • Une perte de l’excitation chez les femmes.

La prévalence de ces troubles augmentait avec l’âge, que ce soit chez les sujets contrôles ou chez les patients schizophrènes. En revanche, leur survenue était plus précoce en cas de schizophrénie.

La schizophrénie et les traitements impliqués dans les troubles sexuels

L’analyse des données a par ailleurs permis aux chercheurs d’identifier plusieurs facteurs de sur-risque de troubles sexuels chez les sujets schizophrènes :

  • Le fait d’être célibataire ou divorcé ;
  • Le fait d’être sans emploi ;
  • Le fait d’avoir de faibles revenus ;
  • La sévérité de la schizophrénie, notamment :
    • L’existence et la fréquence des épisodes de troubles psychotiques ou d’hospitalisations ;
    • La survenue précoce de la schizophrénie ;
    • L’existence de symptômes négatifs ;
    • Une évolution continue de la pathologie ;
  • L’existence de troubles dépressifs majeurs

Enfin, la nature des traitements antipsychotiques influençait également les troubles sexuels. Les antipsychotiques de première génération et la rispéridone augmentaient le risque de troubles sexuels, en fonction de la dose utilisée. En revanche, l’aripiprazole semblait avoir moins d’influence sur les troubles sexuels.

Cette revue systématique de littérature démontre que les troubles sexuels sont plus précoces et plus fréquents chez les patients schizophrènes, en lien avec la sévérité de la maladie, mais aussi avec la nature des médicaments prescrits. Un aspect à ne pas négliger dans la prise en charge des patients.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

– Sexual dysfunctions in schizophrenia: Beyond antipsychotics. A systematic review. ncbi. Consulté le 27 décembre 2019.